Une harpe à l’hôpital - Saison 1
Une question de timing
Ce stage très important pour valider ma formation en harpe-thérapie a été beaucoup reporté. Je sentais que ce n’était pas le moment.
Finalement, j’ai commencé début juillet, pile dans l’entre-deux tour des élections.
J’étais très remuée par le climat nauséabond ambiant, et surtout par l’explosion des propos racistes.
Alors j’ai compris que c’était justement le bon moment pour commencer jouer au cœur du 93…
Et laisser les notes toucher toutes les peurs tues : les miennes, celles des soignants, celle des patients…
La découverte d’un monde
Dans ce stage, j'ai découvert le fonctionnement d'une unité « cognitivo-comportementale », spécialisée dans la prise en charge de patients atteints de démence avec comportements agressifs. Cette petite unité de 10 lits accueille temporairement des patients nécessitant un environnement sécurisé, des soins spécifiques pour réduire les doses de médicaments et leur permettre de retourner en EHPAD ou chez eux.
La peur de l’autre est en moi
Pour être franche, je n’ai pas fait ma maline quand j’ai pris conscience de « l’agitation » ambiante. Je n’avais pas réalisé que des personnes âgées pouvaient avoir encore autant de force ! J’ai dû faire face à mes appréhensions et apprivoiser mon sentiment d’insécurité pour plonger à la rencontre de l’autre. Comme en session, j’ai convoqué ancrage, alignement, et ouverture du cœur. C’est avec cette disposition que j’ai pu m’ouvrir : « Qu’est-ce qui vient à ma rencontre, dans le moment présent ? »
Rencontre et connexion
La magie de la rencontre peut alors opérer. Ce moment où on ne joue pas un morceau pour être écouté, mais où toute notre attention écoute l’autre et lui répond en musique.
Certains patients me happent, et j’ai littéralement joué les yeux dans les yeux, quitte à y perdre certains intervalles. C’est avant tout la connexion qui crée la musique.
D’autres sont plus introvertis, et je vais chercher la résonnance avec leur musique corporelle. Se caler sur une respiration, le rythme de mots ânonnés, la note de leur voix (merci l’accordeur !), la main qui commence à danser…
Ces mots qui m’ont marquée
« Aaaah ! Ça y est je respire ! »
« Mais elle est rigolote elle, avec son truc qui sonne ! Vous avez gagné le gros lot ? »
Des mots criés de manière incompréhensible qui se calment progressivement
« Merciiiiii »
« Noooon ! Pas de musique ! Pas de musique ! La TL ! »
« C'est pas mal ici. On a même de la musique. »
« J'aurais voulu jouer d'un instrument... »
« Je me souviendrai toujours de ce moment... »"