La force des rituels
Il y a quelques semaines, je suis sortie du bois.
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Après des années de facilitation et de co-formation en innerdance, j’ai senti qu’il était temps que je contacte mon pouvoir personnel pour devenir gardienne d’un nouvel espace : celui de l’éclosion des nouveaux facilitateurs. Un groupe magnifique était au rendez-vous pour cette première formation dont j’embrassais pleinement la responsabilité.
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Ce jour-là, j’ai littéralement laissé mon vaisseau de cristal, auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux, sur le pas de la porte. Mathilde a retrouvé la pochette du sac ouverte, mailloche et descriptif du bol en place, bol disparu.
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Je suis rentrée chez moi pleine d’interrogations face à ce contenant vidé de sa substance.
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Ce bol, je l’avais rencontré pour la première fois quand je m’étais moi-même formée pour devenir facilitatrice d’innerdance à Bali. À cette époque je ne l’avais pas acheté, car je n’en avais pas les moyens. Il est revenu à moi lors de la première rencontre européenne des facilitateurs d’Innerdance. J’avais les yeux fermés, et j’ai reconnu sa sonorité quand Imana a commencé à le jouer. C’était également ma première rencontre avec Imana, avec qui j’ai organisé depuis de nombreuses formations sur l’art des bols chantants, alliant bols tibétains et bols de cristal.
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Les synchronicités ont fait le reste. Imana connaissait un facilitateur d’innerdance un bol de cristal qui venait également de Bali. L’énergie ne lui convenait plus, il cherchait une personne de confiance qui pourrait le reprendre. J’ai été le rejoindre en Allemagne pour adpoter ce magnifique vaisseau de cristal, qui m’a ensuite accompagnée pendant mes soins et mes sessions, tel un diamant magique.
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Et puis le jour où je passais le cap de devenir formatrice d’innerdance, je l’ai laissé sur le pas de la porte, comme un adieu inconscient. Je m’en suis beaucoup voulu, et je n’arrivais pas à passer le cap. C’était comme un deuil. J’ai téléphoné à Imana pour lui demander conseil, et elle m’a rappelé la force des rituels. J’ai alors inventé un rituel d’adieu. J’ai écrit une lettre d’au-revoir à mon bol, que j’ai brûlée sur un autel symbolique tout en improvisant à la harpe.
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Et j’ai reçu le message que c’était à présent au son de ma harpe que je devais ciseler mon diamant. Comme si chaque instrument correspondait à une étape précise de mon évolution.
Cela faisait justement un an que je suis à la recherche d’une petite harpe avec laquelle je puisse vraiment entrer en résonance. En vain : les luthiers refusaient tout simplement de me vendre celles qui me parlaient, ou ne répondaient pas à mes messages. C’était invraisemblable, et la situation était comme bloquée.
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Le soir du rituel, j’ai passé ma nuit à explorer les luthiers allemands grâce aux traducteurs en ligne. J’étais pleine de nouvelles idées sur comment rejoindre la harpe qui m’attendait.
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Et j’ai trouvé une toute petite harpe au son magnifique, fabriquée avec amour par un père et sa fille au creux de la forêt. Ils aiment tellement la nature, qu’ils ont conçu une “harpe de randonnée”, qu’on glisse dans un sac-à-dos pour chanter dans les bois.
Il faut normalement un an d’attente pour acquérir une harpe de ce type, mais par chance les luthiers en avaient justement une bientôt disponible.
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J’ai compris que j’entamais une mue, avec des couleurs chatoyantes que je laissais derrière moi, mais également de belles promesses sonores.
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Là où une partie de moi m’appelait à me flageller et à la morfondre, ce rituel improvisé m’a permis de vivre ce passage en conscience et en confiance.
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il suffisait d’une lettre, d’un peu de feu, mais de le vivre pleinement.
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Et la veille de mes quarante ans, la harpe est arrivée à la maison. Je commençais un nouveau cycle…